Progrès spirituel et progrès intellectuel

Séminaire mixte Azhar-Idéo

icon-calendar Lundi 7 mai 2018

Le 7 mai s’est tenue une nouvelle séance de notre séminaire mixte al-Azhar-Idéo, à la Faculté des langues et traductions. Le thème retenu était celui de « foi et raison », à partir du commentaire d’un texte du célèbre prédicateur égyptien Muḥammad al-Ghazālī (1917‒1996) tiré de son ouvrage Les pilliers de la foi, entre la raison et le cœur (Rakāʾiz al-īmān, bayn al-ʿaql wa-l-qalb, 1974). Le chapitre étudié était intitulé « L’écart entre progrès spirituel et progrès intellectuel ».
Dans ce chapitre, l’auteur lance tout d’abord un appel à une piété qui ne soit pas au détriment de l’homme et de son développement. Il fait ensuite une description du monde qui se perd dans un matérialisme stérile, et un rationalisme errant, coupé de la foi en Dieu, avant de faire le constat que ni le judaïsme, ni le christianisme, ni l’islam n’apportent de réponses convaincantes aujourd’hui à l’équilibre spirituel de l’homme. L’auteur conclut sur un appel à mettre en pratique un vrai islam, qui ordonne le bien et qui interdise le mal.


Les trois intervenants ont présenté divers aspects du texte. Le frère Jean Druel a étudié la construction littéraire du texte, Mme Héba Mahrous a montré comment la vision de l’auteur s’inscrivait dans un cadre musulman plus général, et M. Ahmad al-Shamli a replacé ce chapitre dans le cadre de l’ouvrage dans son ensemble.

La discussion qui a suivi a soulevé les questions suivantes : un texte à portée clairement apologétique est-il le meilleur angle d’approche pour une question philosophique et théologique ? Comment aborder les généralisations qui caractérisent le genre littéraire de la prédication ? Comment évaluer le recours aux sciences humaines dans le texte ? Le simple fait que l’auteur aie recours à des auteurs non-musulmans (ToynbeeCarrel) est une preuve d’ouverture en soi mais dans le plan du texte, les sciences humaines servent aussi de faire-valoir à l’idée que l’homme a une connaissance très limitée de lui-même et qu’il faut mieux faire confiance à Dieu pour dire qui est l’homme et de quoi il a besoin. Enfin, il semble que l’auteur assimile purement et simplement la « raison » à l’« islam », ce qui a pour conséquence de faire disparaître automatiquement la tension avec la foi, sans plus de discussion. Une autre conséquence de cette identification entre la raison et l’islam est que les autres religions sont nécessairement irrationnelles, puisqu’elles ne sont pas l’islam.
Enfin, la conclusion de l’auteur sur la nécessité « d’ordonner le bien et d’interdire le mal » (al-amr bi-l-maʿrūf wa-l-nahy ʿan al-munkar) est extrêmement ambiguë car al-Ghazālī ne prend nulle part la peine d’insister sur la difficulté à discerner le bien du mal dans les situations particulières.
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Le littéralisme

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